1 fanzine par jour : Dead Ringer, par Jason T. Miles.

Dead Ringer, par Jason T. Miles,
280x390 mms, 16 pages, 2008, La Mano 21.

Au début des 90’s, après avoir découvert Jim Woodring et les frères Hernandez, le jeune Jason demanda un rendez-vous chez Fantagraphics pour travailler chez eux. Alors âgé d'une douzaine d'années, le souhait ne fut pas concrétisé, mais cela motiva le bonhomme pour les années qui allaient suivre : des années après, il travaille désormais pour ce chouette éditeur, mais en parallèle, tout en n'ayant jamais cessé de raconter des choses en bande dessinée, il gère également  sa propre structure de diffusion d'autopublications.

Parmi les nombreuses pages publiées ici et là (on se souvient surtout de"Pines", son zine principal, mais aussi de des pages pour Kramer’s Ergot), il faut distinguer Dead Ringer du reste. Parce qu'il s'agit là de quelque chose de totalement singulier, qui s'éloigne à grandes enjambées de tout ce qu'on peut imaginer croire connaître des limites de la forme bande dessinée.

Dans la forme, d'abord : plusieurs dessins grand format se succèdent, mélangeant les outils, sur une pagination semblant très courte dès lors que l'on se laisser happer par ce qui se trame alors… dans un récit court qui ne donne aucune information superflue quand au contenu de ce que l'on va lire (ou de ce que l'on a lu), le peu de liens “classiques” offerts au lecteur précipite celui-ci dans une expérience poétique et émotionnelle rarement partagée. Les enthousiastes de la forme bande dessinée ne rechigneront pas devant ce sommet d'étrangeté : si les repères habituellement offerts au lecteur semblent passés à la trappe, c'est bel et bien une expérience de lecture bigrement intéressante qui nous est donnée par Jason T. Miles.

Il va sans dire que ce grand format, la qualité de son impression, les qualités de papiers choisis, tout cela contribue à faire de cette publication (tiré à 500 exemplaires seulement) un objet précieux à plus d'un titre. Dead Ringer fût nominé aux Ignatz Awards en 2009, et reste disponible sur le site de son éditeur.

(note : j’ai écrit cette courte chronique initialement pour "1 Fanzine Par Jour", un tumblr mis à jour collectivement par plusieurs passionnés de l'objet fanzine, initié et créé par Jean-Philippe Garçon en 2011, aujourd'hui un poil moribond)